RESULTATS DU CONCOURS D’ÉCRITURE « DIS-MOI DIX MOTS À TOUS LES TEMPS »

Le 20 mars 2023, alors que l’on célébrait la Journée internationale de la Francophonie et de la langue française partout dans le monde, les Nations Unies à Genève ont organisé leur habituel concours d’écriture qui, cette année, nous invitait à réfléchir à notre rapport au temps qui passe.

Les règles étaient les suivantes : utiliser les 10 mots de la Francophonie 2023 dans un texte de forme libre et ne devant pas dépasser les 200 mots.

Les dix mots « à tous les temps » :

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<p>Description générée automatiquement

Voici les textes sélectionnés par le Jury, composé de membres du personnel du Programme de formation linguistique, du service d’interprétation et du service linguistique :

 

Catégorie français langue maternelle / principale et seconde

1ER PRIX

« Aujourd’hui, à des années-lumière de la pression productiviste qui nous étouffe, je vais lambiner, sans prêter attention au tic-tac incessant du « toujours davantage » qui rythme nos journées. Curieusement, l’idée m’en est venue dare-dare, dans cet entre-deux de l’avant-jour, où, allongé sous la couette, l’on émerge du sommeil sans être toutefois encore pleinement sorti des songes.

Au mi-temps de cette journée, je me souviens de ce concours d’écriture de la francophonie, auquel j’aurais voulu participer l’année dernière, sans prendre le temps de le faire. Alors, cette fois, je m’y mets, sans me laisser rebuter par les figures imposées, dont ce plus-que-parfait dont l’usage me rappelle les grandes heures des débats politiques de ma jeunesse. 

Au soir de cette journée à la fois si vide et si pleine, je ressens une étrange impression, comme si j’étais enfin synchrone avec mon environnement. Et je me prends à rêver d’immobilité, d’hivernage prolongé. D’où vient alors cette sensation de déjà-vu ? Aurais-je rêvé ? »

Jean-Isaias Rodriguez

 

 

Catégorie français langue étrangère

1ER PRIX

« Du temps où j’écrivais encore au stylo, je tenais un journal : un ancien registre bleu aux bords usés, qui ne prêtait pas de mine mais qui était mon bien le plus précieux durant mon adolescence sans vagues. La jeune fille modèle que j’étais se devait de mettre son cœur en hivernage pour se consacrer pleinement à son nouveau statut de vice-maman, quand maman avait dû, à son tour, endosser aussi le rôle de papa. Ainsi, nous étions parfaitement synchrones, jusqu’aux battements monotones de nos cœurs meurtris : tic-tac… Surtout pas de boum ! 
Maman se levait à l’avant jour, se préparait dare-dare, s’affairait dans la cuisine, avant de partir au travail… Ses longues journées, rythmées par les corvées, se conjuguaient à l’impératif et ses courtes nuits au plus-que parfait. Se souvenir pour tenir.
Moi, j’écrivais. Au futur. Je savourais le plaisir coupable de rêver, jusqu’à l’ivresse, de lendemains enchanteurs, à des années-lumière des contraintes que je m’étais imposées. Ecrire pour tenir.

Ce matin, lassée de lambiner en attendant que mes ados ébouriffés émergent de leur torpeur dominicale, j’ai déterré mon vieux registre grisonnant, des tréfonds de ma cave, pour la première fois depuis vingt ans. J’espérais un déjà-vu… »

Asma Belfalah

 

2ème PRIX

« Qui va à la vitesse de la lumière ?

Il faut lambiner à travers chaque année-lumière
Pour reconnaître les plus beaux moments de notre terre.
J’ai eu le sentiment de déjà-vu sur nos histoires,
L’heure avait passée, plus-que-parfaite dans ma mémoire.
Entre les ténèbres et les lueurs de l’aube d’avant-jours,
Nous nous sommes embrassés sans regrets, dare-dare, de l'amour.
Tu savais que mon cœur était synchrone, déjà tic-tac ;
Pour rythmer la fin de l’hivernage, tourne le zodiaque. »

Stephen Howard

 

 

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont participé et qui ont partagé avec nous leurs réflexions poétiques et originales sur cette notion universelle du temps qui passe.

A l’année prochaine !